Après avoir lavé les pieds de ses disciples, Jésus parla ainsi : « Amen, amen, je vous le dis : un serviteur n’est pas plus grand que son maître, ni un envoyé plus grand que celui qui l’envoie. Sachant cela, heureux êtes-vous, si vous le faites. Ce n’est pas de vous tous que je parle. Moi, je sais quels sont ceux que j’ai choisis, mais il faut que s’accomplisse l’Écriture : Celui qui mange le pain avec moi m’a frappé du talon. Je vous dis ces choses dès maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez que moi, JE SUIS. Amen, amen, je vous le dis : si quelqu’un reçoit celui que j’envoie, il me reçoit moi-même ; et celui qui me reçoit, reçoit Celui qui m’a envoyé. »
Acclamons la parole du Seigneur
1. Savoir et faire
Saint Jean Chrysostome écrit, en faisant référence à « (…) heureux êtes-vous, si vous le faites » que « si tu sais ces choses, bienheureux seras-tu si tu les fais. » En effet, la connaissance est commune à tous et à toutes. En ayant été créés enfants de Dieu, nous avons tous la capacité d’intelligere. Ce qui est intéressant n’est pas tant de savoir ce qu’il faut faire mais encore faut-il le faire. Et ici un trésor immense se trouve à la portée de tous, mais que peu veulent vraiment trouver, garder, faire fructifier. Juste avant ce passage, le Christ a lavé les pieds à ses disciples. Il ne leur dit pas « Sachez ce qu’il faut que vous sachiez. » Non, il leur dit : « Heureux êtes-vous, si vous le faites ! » Nous avons la connaissance de ce qui est bien, très souvent nous savons ce que l’on doit faire. Mais entre le savoir et le faire, nous avons l’impression qu’un abîme s’ouvre devant nous.
2. Ne pas être surpris de la trahison
Continuons notre réflexion en avançant un peu plus dans ce passage pour savoir ce qu’il faut que l’on sache et que l’on fasse. Notre Seigneur fait allusion à celui qui va le trahir. Saint Jean Chrysostome me dit à ce moment : « Quelle patience ! Non seulement il n’a pas condamné le traître, mais en plus il occulte son acte en lui donnant, par cette façon, une opportunité de repentir. »
L’expérience d’une trahison est douloureuse, surtout si c’est un proche, quelqu’un que l’on aime. On a l’impression d’avoir reçu un coup de poignard dans le dos. C’est une réalité dure à avaler, plus encore à pardonner de tout son cœur.
Mais ici, regardons combien le Christ a voulu faire sienne notre vie de tous les jours ! Il a vécu ce que nous ressentons. Croirons-nous que le Christ n’ait pas ressenti de la souffrance, de la douleur, de la déception, le poids de la trahison ? Allons encore plus loin : l’Évangile de Marc me dit que le Christ a choisi Judas sachant qu’il allait le trahir.
Ne soyons pas surpris qu’il y ait des proches qui nous trahissent. Il est soulageant de savoir que Jésus a vécu lui-même cette situation dramatique.
3. « Vince in bono malum », « Sois vainqueur du mal par le bien » (Rm 12, 21)
Cette phrase tirée de la lettre de saint Paul aux Romains montre l’intention et la nécessité de changer quelque chose dans le monde qui implique un changement de style de vie.
Reprenons ce que dit le Christ : « Heureux êtes-vous, si vous le faites. » Il est vrai que Notre Seigneur fait référence au lavement des pieds. Mais il est aussi vrai qu’il y a un traître parmi ceux à qui il a lavé les pieds. Comme pour nous, ceux à qui nous avons lavé les pieds peuvent être nos amis proches qui ne vont jamais nous abandonner, comme ceux qui nous sont proches mais qui nous trahiront.
« Vince in bono malum », c’est ce que me dit saint Paul. Des exemples ? Plus ils sont anciens et plus ils sont convaincants, parce qu’il était plus difficile pour eux de pratiquer les vertus, surtout si l’on parle des personnages de l’Ancien Testament comme Moïse, Noé – appelé innocent parmi toutes les personnes de son époque – Joseph, vendu par ses frères mais qui finalement les a nourris pour qu’ils puissent vivre.
Qu’attendons-nous donc pour commencer à nous mettre à l’œuvre ?